Introduction

Bonjour cher auteur, autrice, auteure, écrivain, écrivaine,
De quelque façon que tu souhaites être désigné, ce parcours s'adresse à toi si tu veux bien cheminer avec moi pour prendre du recul sur ton écriture en cours.

Je conçois cette série de publications à un moment où moi-même je veux prendre du recul sur mon roman et me donner quelques semaines pour discerner une nouvelle direction où laisser couler un livre déjà bien commencé. À moins que ce soit pour lui creuser des fondations plus solides. Ce parcours peut être utilisé dans le cadre d'une relecture, mais pour moi ce sera plutôt un recentrement de mon roman avant d'en poursuivre l'écriture... Non pas que je peine véritablement à l'écrire, mais j'explore un nouveau procédé qui est d'avancer en écriture avec des outils, de façon construite en somme.

Et pour personnaliser ce parcours et aussi m'encourager à bien faire les choses, j'ai envie de m'adresser à toi pour ce faire. Afin de dépasser la gêne occasionnée par le fait que nous ne connaissons pas, je t'ai choisi un nom : je m'adresserai à toi à travers le prénom peu connu de Callimède. Pour moi, ce prénom a des sonorités féminines (évoquant la constellation ou la belle princesse Andromède du même nom - vouée à être sacrifiée à un monstre marin pour avoir offensé un dieu, et sauvée par Persée). Mais Callimède est en réalité un prénom masculin  d'origine grecque, composé des mots "kallimos" (beau) et "médos" (chant). Il signifie littéralement "le plus beau chantre".  

Sache qu'en sollicitant Callimède, je m'adresse à toi, quelque écrivain que tu sois, qui a le souhait de reprendre une œuvre écrite en cours de devenir.

Note : pour avoir la prétention de pouvoir te donner quelques conseils, cher Callimède, je me réfère notamment à des outils glanés ici où là et posés dans mon blog : https://ecritetlu.blogspot.com/.

1. Se recentrer sur les dilemnes de ses protagonistes, (re)construire l'histoire

Cher Callimède,

Voilà le premier jalon d'un travail de relecture en plusieurs étapes. 

Pour moi, il s'agit plus d'un recentrement (ou reroutage, mais le mot est moins joli...) en milieu de parcours, avant la poursuite de l'écriture. Mais ma proposition peut aussi s'appliquer à une relecture finale.

Bref, commençons par recentrer ton roman sur des drames ou épreuves « primaires », puis on le bordera par un incipit et une fin rendus plus incisifs - ou plus en adéquation avec ton histoire.

Dans cette optique, j'ai cherché comment consolider un scénario et j'ai trouvé une liste assez mystérieuse que je te propose de parcourir pour se concentrer sur les nœuds dramatiques de ton histoire. L'idée est de bâtir un plan simplifié en se concentrant sur ces axes-là pour en tirer une chronologie des évènements importants de ton livre. Tu sais quoi Callimède : j'étais plutôt sceptique et je me suis rendue compte qu'en effet, cette liste paraît exhaustive !

. Je te laisse faire un résumé de ton histoire avec ces instructions. Ensuite, tâche de monter un synopsis. J'imagine que tu connais la différence ?


 


2. Incipit

Salut Callimède,

Maintenant que tu as une meilleure vision globale de ton histoire, je te propose de revoir ton incipit. Ah : si, comme moi il y a quelques années, tu ne sais pas signifie ce mot latin, je simplifie en disant qu’il s’agit du début de ton écrit, mais que de ce fait, ces quelques phrases ont une fonction particulière. 
Ici le lecteur découvre :
· le genre du livre et le point de vue du narrateur,
. la localisation et la temporalité du récit (même si elles varient par la suite, ce passage reste une référence),
. le personnage principal (en général) dans une situation suscitant l'intérêt ou éveillant la curiosité.

Je te propose de
1. vérifier que tu couvres ces différents points,
2. réécrire ton incipit de plusieurs manières (commence un peu avant ou juste après, imagine-toi avec une caméra et change l’angle de prise de vue, concentre-toi sur un autre personnage etc…)

3. Fin

 Maintenant que tu as terminé ton incipit, Callimède, revoyons la fin maintenant. Déjà me diras-tu ? Je te laisse juge. Peut être préféreras-tu travailler le dénouement d'abord. Dans ce cas, tu peux aller à la publication suivante.

Pour travailler ta situation de fin, je te propose de lire ce post qui donne de bons conseils il me semble. 

Moi je retiens que :
- « Le personnage termine un cycle de sa vie et s’en va vers le commencement d’un autre »,
- Il faut « déterminer le mot qui correspond le mieux au retournement de situation de la fin, et faire apparaître ce mot dans le dernier paragraphe de votre histoire »,
- « Ce qui est important, c’est qu’elle suscite une émotion. Il y en a quatre principales : la peur, la colère, la joie et la tristesse. » Sans excès non plus, hein…

- Dernière chose : est-ce que la fin est une bonne réponse à ton incipit ?

4. Dénouement

Cher Callimède,

Si je me suis lancée dans cette prise de recul, c'est notamment pour en travailler le dénouement. Pour cela, je te propose de lister les nœuds/conflits/mystères qui entourent le personnage principal et vérifier qu'ils se résolvent (sauf effet voulu). Un conseil : aime ton personnage tel qu'il est ! Voilà quelques questions pour t’aiguiller :
- Y a-t-il quelque chose / quelqu’un que tu peux cacher jusqu’au bout et qui pourtant empêche le protagoniste de résoudre son conflit ?
- Est-ce que lui-même peut se cacher quelque chose ?
Pense aux personnages secondaires aussi : quels rôles jouent-il dans le dénouement ?

Peut-être que comme moi, il y a une partie qui t'échappe dans ton dénouement, quelque chose dont tu n'arrives pas à ‹‹ accoucher ›› ? Alors essaie la méthode de Socrate :
Le Socrate que Platon fait parler pratique la maïeutique. Dans le Ménon de Platon par exemple, Socrate fait une démonstration de la pertinence de son questionnement. Il fait appeler un jeune esclave et par questionnement maïeutique l'amène à se ressouvenir du théorème de Pythagore. 
Le processus est le suivant :
. accompagnement de la découverte par analogie,
. révolte du disciple
. et réfutation des conclusions fausses, des impasses ‹‹ aporétiques ›› dans le raisonnement (du grec aporia, impasse, difficultés).


Et enfin :
. le héros a-t-il relevé le défi principal qui lui incombait ? 
. Quel est-il d'ailleurs ?
. Pourquoi la solution trouvée au défi permet de le résoudre ?
Tu peux renouveler la question plusieurs fois en reprenant ta réponse afin de sonder la profondeur de la solution. Pourquoi [la réponse précédente] etc.

5. La place des personnages

Cher Callimède,

Après avoir pris de la hauteur sur ton histoire, je te propose de te concentrer sur tes personnages en commençant par ton personnage principal. Peux-tu déjà éclaircir un peu sa place en répondant à la dernière question d'une liste bâtie au fil de mes écritures :
Que veut ton personnage et pourquoi ? Quels sont les obstacles ? Y a-t-il un retournement ? Qu'est-ce que ton personnage obtient finalement ?
Fais de même pour les autres personnages.

Ensuite explore les points forts du passé du protagoniste. Puis répond disons à cinq autres questions au moins de la liste (ou peut-être as-tu d'autres manières de le caractériser ?).
Puis passe aux autres personnages en examinant ce qui les lient au personnage central...

L'objectif est de déterminer ce qui anime tes personnages.

6. Péripéties et intrigue

Cher Callimède,

Maintenant que tu as défini le cadre de ton histoire et que tu as précisé tes personnages, il va falloir répartir les péripéties. De mon côté, j'ai quelques idées de ce qui peut lui arriver, à mon personnage principal. Histoire de préparer le terrain, je vais en repérer les principales. Disons plus ou moins cinq. L'idée est surtout de mesurer l'intensité de ces actions menées par le héros (ou pas). Ensuite, je te propose de dessiner la courbe de vie de ton roman . Il s'agit surtout de prendre conscience du rythme : est-ce un roman en montagnes russes où ce qui se passe mène peu à peu le héros à son point final ? Ou peut-être a-t-on des péripéties qui tiennent le lecteur en haleine jusqu'à un point culminant puis une intensité qui retombe lors du dénouement ? Tu peux aussi dessiner la courbe du « bonheur » pour t'aider à fixer les idées.

Et maintenant retournons aux fondamentaux pour qualifier encore davantage ton histoire. Comme le conseille les Artisans de la fiction" dans l'article sur les structures classiques, raccroche ton roman au type d'intrigue qui lui correspond le mieux : il est toujours bon de revenir un temps sur ce qu'on écrit les autres, notamment les auteurs reconnus.